La fuite IV

Guy

E-mail

guyrosaz@orange.fr

URL

Type

cabAR

Année

1972

Basé

Port Ripaille / Lac Leman

Voiles

Moteur

Divers

La FUITE IV Karaté Cabine AR à Thonon Haute Savoie

Après avoir eu pendant deux ans un Shellfish de CNSO, j’ai acheté ce Karaté neuf, au salon 1971 pour une livraison en avril 1972. Je l’ai toujours. Ce point doit être assez rare aujourd’hui. Pour cette raison j’en connais la conception initiale et les faiblesses à la livraison. Par ailleurs j’ai loué de nombreux bateaux en mer et, à plusieurs reprises, des Karaté.

CNSO n’avait pas la réputation de fabriquer des bateaux très soignés. Par contre le Karaté était 10 à 15% moins cher que ses concurrents comme l’Arpège, le Scampi ou le Carter 33.
A la date prévue je suis allé, à Bon Encontre, réceptionner le bateau terminé. Il était loin de l’être.
Lorsque le bateau m’a été livré sur le lac Léman, à Genève pour des raisons de grue, les deux personnes qui l’avaient convoyé ont été incapables de faire marcher convenablement le moteur (18 CV Renault Marine Couach). J’ai dû rejoindre à la voile son port d’attache. Il est apparu que personne n’avait ôté le film plastique qui masquait l’entrée d’air. Et pourtant, d’après les deux convoyeurs, tous les bateaux étaient testés en piscine… Depuis ce moteur marche parfaitement.

Neuf, le bateau était assez incohérent. Un accastillage de qualité : chandeliers, capot ouvrant et une colonne de barre à roue sans aucun jeu Goiot, trimer, une superbe barre franche de secours… Mais, par ailleurs des lacunes : Un sol dans la cabine salopé. Un panneau douteux entre la couchette cercueil et le moteur. De l’eau qui gouttait sur cette couchette en suivant la commande du moteur. De l’eau qui suintait entre le vaigrage et la coque pour aller dans le puisard. Un banc, derrière la table, très inconfortable. Un poids annoncé de 4500 kg, réel de 4900. Un liston donné pour du teck qui n’en n’était pas. Des traces de coups sur le pont.

J’ai fait immédiatement un certain nombre de modifications : Déplacement de la commande du moteur coté coffre, fabrication d’une cloison avec tiroir entre la couchette cercueil et le moteur, insonorisation du moteur. J’ai déplacé et élargi la table et le banc ce qui a résolu le problème d’inconfort. J’ai déposé les listons en bois (vissés dans les bandes de contreplaqué qui comblent le vide entre la coque et la remontée du pont) pour les remonter avec du silicone et en améliorant avec du gel coat la liaison coque pont. J’ai remis plusieurs couche de polyester et laine de verre, à l’intérieur du bateau, dans l’angle entre le pont et la coque. Ce qui n’a pas changé grand chose.
Au salon suivant j’ai rencontré Monsieur Tieffenbach (le patron). J’ai essayé de lui dire les faiblesses de son bateau et les modifications apportées. Il ne m’a pas écouté et m’a répondu que tout le monde avait ses idées. Pour les fuites au pont il m’a dit qu’elles provenaient des cadènes. J’ai mastiqué ces dernières. Aucun changement. J’ai découvert beaucoup plus tard que les fuites provenaient du joint en caoutchouc mousse entre le plexiglass des fenêtres et la coque. Depuis que j’ai fait un joint en polyuréthane, sous le couvre joint, je n’ai plus de fuites.
Lorsque le bateau a eu une dizaine d’années j’ai dû refaire les portes, le panneau de baille à mouillage. Egalement les deux panneaux coulissants de descente et les panneaux fixes qui les couvrent. Ils étaient pourris, recouverts de formica, vingt après, ils sont toujours parfaits. J’ai eu également les drosses de barre à roue cassées. Raison : ce n’était pas le bon câble. Avec un câble souple il n’y a plus eu de problème. Un tire fond de fixation moteur ayant cassé je les ai remplacés par quelque chose de plus sérieux.

La coque neuve présentait, au niveau de la quille des bosses de la surface d’un ongle. Trente ans après il n’y en a pas d’autres. Pas de traces d’osmose. Par contre l’antidérapant, sur le pont a pelé à plusieurs endroits : Des problèmes mineurs d’adhérence entre les couches de gel coat. Toujours les mêmes listons bien que je ne leur fasse aucun traitement. Ce bateau n’a connu que l’eau douce. Est ce une raison ?

En conclusion : Un très bon bateau, puissant, un près au passage doux, enthousiasmant dans la brise, une bonne stabilité de route bien que très manœuvrant. La barre est toujours efficace, jamais de départ au lof, même lorsque l’eau passe par dessus les hiloires. Une bonne résistance à l’échouage accidentel. Un bon moteur Renault Couach. Par contre il y en a qui vont plus vite dans le petit temps. Malheureusement un bateau mal fini ce qui a perdu son importance aujourd’hui…
J’ajoute qu’il arrive encore que des touristes me fassent des remarques élogieuses sur ses lignes.